Comment s’en sortir avec les fourrages de mauvaise qualité?
Nathalie GENTESSE, M.Sc., agr.,La météo influence la composition et la qualité de la fibre contenue dans les fourrages. La photosynthèse, en présence de soleil, est responsable de la production d’énergie et de sucres des plantes. Lorsque le temps est nuageux, la plante réduit son activité photosynthétique. Par ailleurs, lors des journées de pluie, la plante mobilise ses réserves de sucres pour produire des parois cellulaires et de la lignine afin d’allonger sa tige. Le résultat d’un été nuageux et pluvieux : des fourrages contenant peu de sucres, beaucoup de fibres et dont la digestibilité est faible.
Quand la digestibilité d’un fourrage est faible, la première conséquence pour la vache est un manque d’énergie dans la ration. Les premières stratégies viseront donc à réajuster le niveau énergétique du mélange servi.
Si possible, diluer l’ensilage peu digestible avec un ensilage de maïs ou un autre ensilage de meilleure qualité qui sera plus digestible. Certains sous-produits, tels que l’écale de soya, la pulpe de betterave et dans certains cas les pulpes d’agrumes, dont la fibre est très digestible peuvent aussi être utilisés. Les fourrages de moins bonne qualité devraient n’être servis qu’aux vaches en fin de lactation ou aux taures étant donné que leurs besoins énergétiques sont moins élevés. Habituellement, lorsqu’une telle substitution est effectuée dans les rations laitières, les vaches répondront en augmentant leur consommation de matière sèche ou leur production dans un temps relativement court, soit de 5 à 10 jours lorsqu’un réel changement est opéré dans la digestibilité de la de la ration.
Deuxièmement, ajustez les quantités de grains et de protéines. Bien souvent, il n’est pas possible d’ajouter plus de grains ou de gras parce que le maximum est déjà inclus dans la ration des hautes productrices. Toutefois, une mouture plus fine des grains permet d’améliorer la disponibilité de l’énergie. L’utilisation de sources de gras protégé augmente aussi l’apport d’énergie sans affecter la digestion ruminale.
Parallèlement au niveau énergétique de la ration, il peut être judicieux d’améliorer les conditions ruminales pour la production d’un maximum de protéines microbiennes et d’acides gras volatiles qui fournissent respectivement les acides aminés et l’énergie à la vache.
1- Servir des agents tampons comme le bicarbonate de sodium et des produits alcalinisant comme l’oxyde de magnésium afin d’éviter les pH trop acides dans le rumen.
2- Utiliser les cultures de levure. De nombreuses études scientifiques démontrent une amélioration de la consommation de matière sèche et de la digestion de la NDF lorsque les vaches laitières consomment des cultures de levure.
3- Choisir des sources d’azote soluble afin de maintenir une concentration stable d’azote disponible pour les bactéries ruminales.
4- Certains additifs enzymatiques permettent d’améliorer la digestion ruminale de la NDF en permettant une meilleure colonisation de celle-ci par les bactéries et en complétant leur activité cellulolytique.
5- Évaluer les niveaux de mycotoxines et diluez, jetez ou redirigez les fourrages contaminés. Portez une attention particulière aux fourrages qui ont reçu de la pluie et qui sont restés au champ plus longtemps. Déjà au champ, avant la récolte, la détérioration a pu être visible. Les mycotoxines menacent autant l’efficacité des bactéries pour la fermentation ruminale que la santé de la vache elle-même.
