La gestion des fourrages, ça se prévoit en hiver !
Nathalie GENTESSE, M.Sc., agr.,C’est lorsque l’automne et l’hiver arrivent que les producteurs qui veulent maximiser l’utilisation des fourrages dans leurs rations laitières recommencent à planifier leur stratégie de culture, de récolte, d’entreposage et d’alimentation pour la saison suivante.
Ils comprennent qu’ils ne peuvent se permettre de faire des compromis et font passer la production de fourrages de qualité en priorité. La qualité des fourrages est de loin le critère le plus important pour les rations fourragères.
Au début de chaque saison, chaque producteur laitier prend le temps de sélectionner soigneusement les meilleures variétés pour obtenir la meilleure qualité de fourrage à servir à ses vaches. Cependant, la qualité de l’ensilage, que ce soit du maïs, des graminées ou des légumineuses, sera plus influencée par le type de saison de croissance et la promptitude de sa décision à faucher que par les le type de semence. Le niveau de priorité qu’il accorde à la récolte va déterminer quelle qualité de fourrage sera récoltée. C’est pendant l’hiver que ces décisions doivent être prises. Souvent à l’aide de conseillers spécialisés dans le domaine, des objectifs clairs sur l’état de la machinerie, le taux d’humidité à la récolte, la régie du silo devraient être définis pendant la saison morte pour améliorer l’efficacité du chantier de récolte l’été suivant. Par le fait même, meilleur est la qualité des fourrages, meilleure sera la consommation des vaches et plus grande sera l’économie sur les coûts d’alimentation.
Voici quelques exemples de sujets à discuter :
- Du point de vue de la conservation, un ensilage récolté au bon stade de maturité, avec la bonne humidité fermentera mieux et fournira plus de nutriments disponibles pour la vache.
- Au niveau de la machinerie, les couteaux de la fourragère doivent être bien aiguisés afin de ne pas abîmer indûment les cellules de la plante et ainsi créer des pertes de nutriments les plus digestibles. La longueur théorique de coupe doit être adaptée au type de fourrage récolté afin d’assurer la meilleure compaction et un apport de fibre efficace pour les vaches.
- Sceller le silo pour réduire l’entrée d’air, et ainsi accélérer la fermentation, réduire les pertes de matière sèche et améliorer la palatabilité. Le plus longtemps le silo sera fermé, certains recommandent de 2 à 4 mois, le plus stable et digestible sera l’ensilage. Cette pratique est essentielle et permet de servir un ensilage stable aux vaches dont le rumen adore la constance. Envisager l’utilisation d’un inoculant adapté au matériel récolté.
- Au-delà de la capacité d’entreposage, la consommation des fourrages dépend d’abord de sa disponibilité en avant des vaches, de son appétence et de leur vitesse de passage dans le rumen. La vitesse de passage dans le rumen dépend de la teneur en fibres, de la digestibilité de cette dernière et de la taille des particules du fourrage. La régie du champ jusqu’à la mangeoire sera donc envisagée sous cet angle. Pour ces producteurs gestionnaires, la planification de la régie des fourrages est la seule façon pour que leurs vaches consomment des quantités importantes de fourrages. Ainsi, elles atteignent une consommation suffisante d’énergie, de protéine et de fibre qui permettra d’équilibrer la ration avec très peu de concentrés… et de faire d’énormes économies.