L’humidité de l’ensilage: plus qu’un détail

Nathalie GENTESSE, M.Sc., agr.,

Il est bien connu que la qualité de l’ensilage que vous servez à vos vaches ne dépassera jamais celle des plantes que vous avez mises en entreposage.

Lors de la récolte, plusieurs facteurs, dont le stade de maturité, la longueur de coupe et le taux d’humidité, influencent la qualité du processus de fermentation de votre fourrage.

Le taux d’humidité devrait se situer entre 50 et 70%, selon le type d’entreposage et l’espèce de plante à récolter (voir tableau). En général, les silos horizontaux demandent plus d’humidité pour améliorer la compaction, comparé aux silos verticaux conventionnels ou à atmosphère contrôlée. Le respect de cette règle permet aussi l’exclusion de l’air et un apport suffisant d’humidité afin de promouvoir la fermentation lactique. C’est grâce à la production d’acide lactique que le pH diminue rapidement dans l’ensilage, ce qui minimise l’activité enzymatiques et la dégradation microbienne des nutriments. Plus vite se fera la fermentation, plus l’ensilage conservera les nutriments des plantes récoltées.

Un ensilage avec plus de 70% d’humidité prend plus de temps à fermenter car son pH diminue plus lentement. Il subit une destruction excessive de sa protéine et une perte importante d’énergie. Il est aussi très probable que des bactéries clostridiennes croissent et produisent de l’acide butyrique et de l’ammoniaque dans l’ensilage. Outre la baisse de consommation des vaches, cela représente un risque pour leur santé puisque l’acide butyrique est transformé en corps cétoniques et entraîne l’acétonémie. Un ensilage contenant plus de 12 à 15% d’ammoniaque constitue aussi un risque pour les vaches en transition. En plus d’avoir un effet sur la dynamique du rumen, sa transformation en urée et son élimination par le foie entraîne un coût énergétique pour l’animal qui est déjà en déficit pendant cette période.

Un ensilage avec moins de 50% d’humidité sera plus instable à cause de la présence d’air qui permet le développement de levures, de moisissures et de bactéries aérobies. Ces ensilages seront enclins à chauffer au silo, à la reprise ou dans la mangeoire des vaches. Qui dit moisissures dit probabilité de développer des mycotoxines, qui ne seront pas détruites par la fermentation. Ces ensilages ont souvent une bonne proportion de protéine endommagée par la chaleur ou liée à la fibre, qui ne sera pas disponible aux animaux.

Finalement, une teneur adéquate en humidité dans l’ensilage est un des facteurs qui peut aider au succès de la fermentation. Par contre, à elle seule, une humidité trop faible ou trop élevée peut complètement faire échouer la fermentation. Les vaches consommeront moins de fourrages et seront pénalisées par la valeur nutritive en protéine et en énergie inférieure, sans compter les risques pour leur santé. Assurément, l’attention que vous porterez cet été au taux d’humidité de vos fourrages influencera la rentabilité de votre troupeau.